- STUC
- STUCSTUCAu strict point de vue de la composition, le stuc n’est qu’un type particulier de mortier, obtenu par le mélange d’un tiers de poussière de marbre (qui remplace le sable des mortiers ordinaires) et de deux tiers de chaux «blanche» (obtenue exclusivement par calcination de fragments de marbre); mais il est susceptible d’acquérir une dureté et un poli qui en font un rival du marbre, tout en offrant d’incomparables facilités de travail, puisqu’il peut être modelé, moulé et même taillé. Il peut aussi s’adapter à toutes les formes architecturales: murs, encadrements, voûtes, etc. Supportant mal l’humidité, il est par contre peu utilisé pour les décorations extérieures.Pour les sculptures en stuc de caractère décoratif et monumental, l’adhérence au support mural est assurée par un système d’armature en fer où viennent s’insérer des briques concassées; une première ébauche, exécutée en stuc épais et rugueux, composé d’éléments grossièrement tamisés, est recouverte encore humide d’une couche de stuc fin qui ne doit être «ni trop ferme ni trop tendre, mais un peu visqueuse» (Vasari) et que l’on modèle au pinceau mouillé. Un travail de martelage, de reparure au ciseau et de polissage donne à ce décor son aspect définitif, blanc et brillant. En de rares occasions, le stuc peut être coloré dans sa masse, à l’aide de pigments, ou en surface, par addition de poudre de marbre de couleur dans le creux des moules en bois que l’on emploie parfois pour poser le stuc «fin». Il est plus souvent rehaussé d’or ou même entièrement peint.Utilisé dès l’Antiquité, le stuc a connu quelques époques de très grande faveur — l’époque alexandrine, la Rome impériale des Ier et IIe siècles (basilique pythagoricienne de la porte Majeure à Rome, Villa Hadriana), l’époque carolingienne (Germigny, Saint-Riquier), le XIe siècle (Saint-Remi de Reims), le Quattrocento florentin (versions en stuc des sculptures en marbre), le Cinquecento romain (Farnésine, château Saint-Ange) et l’école de Fontainebleau — avant de s’épanouir dans la virtuosité de l’art religieux «triomphant» du XVIIe siècle.On désigne parfois sous le nom de gypseries des décors en plâtre moulé ou sculpté qui imitent le stuc sans en avoir la solidité ni l’éclat. Quant au staff, inventé à la fin du XIXe siècle, il est lui aussi à base de plâtre fin, posé sur plusieurs couches de toile enduites de colle; il se prête au moulage et à l’estampage et peut reproduire mécaniquement toutes sortes de motifs; son faible prix de revient, sa légèreté relative, qui ne nécessite pas une préparation spéciale des supports sur lesquels on l’applique, et la rapidité avec laquelle il peut être mis en place justifient la faveur que le staff a connue dans le décor intérieur depuis 1920 environ, souvent en liaison avec l’adoption de l’éclairage électrique.• 1546; estucq 1524; it. stucco, mot germ. longobard °stukki♦ Composition de plâtre (ou de poussière de marbre) gâché avec une solution de colle forte, formant un enduit qui, poli, imite le marbre. ⇒ aggloméré, 1. staff. Décoration en stuc. Enduire de stuc. ⇒ stuquer; stucateur. « une espèce de stuc ou de marbre d'une solidité et d'un brillant singuliers » (Gautier).♢ Par ext. Motif décoratif en stuc. Des stucs rococo.stucn. m. Composition de chaux éteinte et de poudre de marbre, d'albâtre ou de craie, servant à exécuter divers ouvrages décoratifs.⇒STUC, subst. masc.A. — 1. Enduit composé de marbre blanc pulvérisé, de chaux éteinte et de craie gâchés dans l'eau, ou de plâtre très fin dissous dans une colle forte, pouvant prendre les nuances colorées de divers marbres, acquérant une grande dureté et un beau poli; p. méton., matière servant à effectuer des moulages divers, des statues. Un stuc si poli, si luisant, qu'on l'eût dit du plus beau marbre de Paris (SUE, Atar-Gull, 1831, p. 29). Des couloirs interminables succèdent aux couloirs, — silencieux, déserts, surchargés d'un décor sombre et froid de boiseries, de stuc, de panneaux moulurés — (A. ROBBE-GRILLET, L'Année dernière à Marienbad, Paris, éd. J'ai lu, 1974 [1961], p. 25. Sur la brève console un petit groupe en stuc de style Louis XVI représentait une nymphe et un satyre (P. QUIGNARD, Le Salon de Wurtemberg, 1986, p. 10).SYNT. Stuc blanc, italien, peint, vénitien; colonnes de stuc; décorations, encadrements, figurines de stuc; piédestal de stuc; ange en stuc blanc et rose; femmes en stuc; salon en stuc; statuette serre-livre en stuc verdâtre; peintures sur stuc; solives enveloppées de stuc.2. P. méton. Motif décoratif achevé fait de cette matière. À la lueur des globes de gaz, que les stucs, les dorures, les marbres se renvoyaient avec un éclat incroyable, les valets ne faisaient que ranger les bouteilles dans des manières de casiers de chêne (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p. 111). Le soleil du matin (...) lèche et réchauffe les stucs livides (MORAND, Londres, 1933, p. 112).3. P. anal., rare, dans le domaine de l'art culin. Décoration. Le gadget [une bombe de crème chantilly] (...) permet (...) d'apporter une note de fantaisie à vos desserts: dessins tortillonnés, reliefs de stuc (Cl. TARDAT, Une Mort sucrée, 1986, p. 25).B. — Au fig., péj. [À propos d'un sentiment, d'une attitude] Dureté, insensibilité. Quelque insensibles que soient les duchesses, ces femmes, dont le cœur est en stuc, ne voient pas l'une de leurs amies en proie à la folie sans que ce spectacle ne leur fasse une impression profonde (BALZAC, Splend. et mis., 1847, p. 587).REM. 1. Stucage, subst. masc. Opération qui consiste à poser du stuc; travail qui résulte de cette opération. La boiserie (...) cède la place aux fresques en grisaille, aux stucages à l'italienne (MORAND, Londres, 1933, p. 31). 2. Stucature, subst. fém., rare. Ornement de stuc. Ces gracieuses églises souabes ou autrichiennes tout en stucatures bleues, blanches et roses (M. TOURNIER, Le Vent Paraclet, 1980 [1977], p. 29).Prononc. et Orth.:[styk]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1533-34 stucq « enduit imitant le marbre » (doc. ds Comptes des bâtiments du Roi (1528-1571), éd. L. de Laborde, t. 1, p. 88 et 89); 1535 id. (doc. ds M. ROY, Artistes et monuments de la Renaissance, Ph. de Lorme, p. 234); 1812 p. ext. « ouvrage en stuc » (STENDHAL, Corresp., t. 1, p. 393). Empr. à l'ital. stucco « enduit à base de gypse pulvérisé » (dep. le XIIIe s. d'apr. DEI; XIVe s., Pataffio ds TOMM.-BELL.), d'un longobard stucchi « croûte » corresp. au n. h. all. stück, a. h. all. stucki, ags. stukki. Voir FEW t. 17, pp. 264b-265a. Fréq. abs. littér.: 70. Bbg. HOPE 1971, p. 224. — KOHLM. 1901, p. 57. — Sculpt. 1978, p. 569. — WIND 1928, p. 146, 200.stuc [styk] n. m.ÉTYM. 1533, stuck; estucq, 1524; ital. stucco, mot germanique, longobard stukki, restitué par l'anc. haut all. stucki « morceau; croûte, enduit ».❖1 Composition de plâtre (ou de poussière de marbre) gâché avec une solution de colle forte formant un enduit qui, après polissage, imite le marbre (on l'appelle marbre artificiel). ⇒ Aggloméré; et aussi staff (→ Plâtre, cit. 3). || Décoration en stuc de style Renaissance, baroque, jésuite (cit. 2)… || Enduire de stuc. ⇒ Stucateur, stuquer. || Motif décoratif en stuc.0 (…) on rencontre quelques filons de fer et de cuivre, des couches d'une certaine argile dont M. Racle, ingénieur, est parvenu, en 1780, à faire une espèce de stuc ou de marbre d'une solidité et d'un brillant singulier (…)Th. Gautier, Souvenirs de théâtre, Statist. industr. départ. Ain.❖DÉR. Stucage, stucatine, stuquer. — (De l'ital.) Stucateur, stucature.
Encyclopédie Universelle. 2012.